Dans le monde entier, des lacs alimentés par des cours d’eau, la fonte des glaciers, les eaux souterraines, les eaux de pluie et la neige jouent un rôle important dans la civilisation, la culture et le développement humains. Ils concentrent la majeure partie de l’eau douce à l’état liquide de la surface terrestre, abritent une faune et une flore sauvages variées, et rendent possibles l’agriculture, la pêche et les activités industrielles. Ils jouent également un rôle important en ce qui concerne le stockage de l’eau, l’alimentation des aquifères et la régulation de la température de l’air. Toutefois, en raison des changements climatiques, de la pollution, des activités extractives, de la pression démographique et d’une utilisation non durable des ressources, les lacs déclinent à un rythme sans précédent. Les écosystèmes d’eau douce ont subi des pertes plus importantes du point de vue de la taille et de la biodiversité que presque tout autre écosystème du globe.

La planète compte plus de trois millions de lacs variant énormément en matière de salinité et de composition chimique, de superficie, de profondeur, de biodiversité, de volume d’eau pouvant être stocké, de droits fonciers (qu’ils soient détenus par une entité publique ou privée), de niveau de pollution, de vitesse de rétrécissement… Le lac Baïkal, en Russie, abriterait, selon les estimations, 20 % des ressources en eau douce à l’état liquide de la planète, soit environ autant que tous les Grands Lacs d’Amérique du Nord combinés. Le plus grand lac du point de vue de la superficie est la mer Caspienne, qui affiche des niveaux de salinité variables. Le lac Natron, en Tanzanie, est un des lacs les plus alcalins au monde. Dans l’État d’Utah, aux États-Unis, le Grand Lac Salé est en train de rétrécir et libère une poussière toxique provenant des lits asséchés du lac. Le lac de Van, dans l’est de la Türkiye, est ce que l’on appelle un lac endoréique, c’est-à-dire qu’il ne possède pas d’exutoire naturel.

Les menaces pesant sur les lacs sont interconnectées. La pollution des lacs est fréquemment causée par des afflux concernant des nutriments, des contaminants de surface et des déchets solides jetés directement ou se déversant dans les lacs par l’intermédiaire de cours d’eau, et la situation est aggravée par le réchauffement climatique, entraînant, par exemple, des inondations plus fréquentes et plus intenses. Un rapport phare du PNUE de 2021 intitulé Faire la paix avec la nature souligne que la « la pollution de l’eau s’étant aggravée au cours [des] deux dernières décennies, la menace pesant sur les écosystèmes d’eau douce et la santé humaine est de plus en plus inquiétante ».

Les engrais sont une composante importante des systèmes alimentaires modernes, mais il s’agit également d’une source majeure de pollution des cours d’eau et des lacs du fait de l’accumulation d’azote et de phosphore. L’eau de pluie évacue les nutriments présents dans les engrais vers les cours d’eau et les lacs pouvant provoquer des efflorescences algales néfastes, qui devraient s’accroître d’au moins 20 % d’ici 2050 et constituent déjà un défi majeur et s’intensifient dans les lacs d’eau douce du monde entier.

Les eaux usées font également partie des menaces en matière de pollution. Plusieurs milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des services d’assainissement gérés en toute sécurité, et selon des estimations, jusqu’à 80 % des eaux usées mondiales se déversent dans des masses d’eau sans avoir été traitées, ce qui a des retombées négatives sur la santé humaine et celle des écosystèmes.

Le niveau de l’eau dans les lacs change également de façon radicale. La hausse des températures et des changements relatifs à la couverture nuageuse, qui entraînent une diminution de la couverture de glace, accélèrent l’évaporation de l’eau. Une nouvelle étude menée à l’échelle mondiale sur un nombre impressionnant de 1,42 million de lacs suggère que l’évaporation est responsable d’un rétrécissement des lacs plus rapide que ce que nous pensions. Les changements climatiques provoquent également la fonte des glaciers, qui peut faire émerger une menace concernant la rupture de lacs glaciaires pouvant dévaster les communautés en aval.

Prenant acte de ces menaces, en mars 2022, l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement a adopté une résolution sur la gestion durable des lacs. Cette dernière appelle les pays à protéger et restaurer les lacs et en assurer l’utilisation durable, tout en les intégrant aux plans de développement nationaux et régionaux. Elle ne fait pas de distinction entre les lacs d’eau douce, alcalins, salés et sodiques.

Cette Assemblée a adopté une résolution sur la gestion durable de l’azote, qui engage les États Membres à accélérer les activités visant à réduire sensiblement les déchets azotés au niveau mondial d’ici à 2030 et au-delà en améliorant la gestion durable de l’azote.

L’Assemblée a également adopté une résolution relative aux solutions fondées sur la nature à l’appui du développement durable, qui peut promouvoir la protection, la conservation et la restauration de lacs sains afin de contribuer à la lutte contre la triple crise planétaire de la perte de biodiversité, des changements climatiques et de la pollution.

S’attaquer à des menaces interconnectées nécessite une gestion durable des lacs supposant la collaboration de parties prenantes (par exemple, des riziculteurs qui dépendent de l’eau de lacs) afin d’assurer une gestion durable des terres et une gestion intégrée des ressources en eau.